La Mère des Eaux - Rod Marty


Date de sortie : mai 2017

Synopsis :

Après avoir subi une nouvelle fausse couche et appris qu'elle ne porterait plus jamais d'enfant, Emily est dévasté. Christopher, son mari, ne sait comment la consoler. C'est alors qu'ils sont appelés dans une communauté en Louisiane, au chevet de la mère d'Emily, que cette dernière n'a jamais rencontré.

Mais rien ne vas se passer comme ils l'imaginaient. Pour Christopher, la sollicitude des habitants devient vite pesante, et les relations du couple commencent à se distandre...

Que cache cette communauté coupée du reste du monde ? Pourquoi les habitants ont-ils décidés de vivre reclus ? Et, surtout, que signifient ces rêves étranges qui troublent le sommeil d'Emily ?

 

Pour en apprendre davantage




J'ai aimé:

● L'ambiance oppressante

● Les personnages


J'ai eu la chance de découvrir ce livre grâce à Hélène du blog et de la chaîne Booktube Hélène Petitelfe qui a organisé un concours, et j'ai pu rencontrer l'auteur aux Imaginales. J'ai commencé par lire les Enfants de Peakwood, dont je vous parlerai dans une prochaine chronique, et qui m'a laissée dans une ambiance assez angoissante. Je me suis laissée quelques jours avant d'entamer la Mère des Eaux, pas trop sûre qu'il puisse me plaire. J'ai lu deux pages, un peu sceptique, et je n'ai pas pu m'arrêter.

 

Cette lecture, si vous pouvez la faire d'une traite, allez-y. Le plus gros du roman se déroule sur à peine quelques jours et à une allure telle qu'il est impossible de lâcher le livre. Je vais tout de même commencer par vous parler un peu des personnages. Tout d'abord, je me suis beaucoup attachée à Emily : malgré ce qu'elle a subi, elle tente de reprendre pied, elle se bat pour se remettre debout et reprendre sa vie là où elle l'avait laissée. Elle est étrange bien sûre, on comprend qu'elle ne sera jamais tout à fait entière sans un enfant, mais elle tente de reprendre la peinture. On n'a le droit qu'à un très bref passage sur sa vie à San Fransisco, et bien que cela soit juste ce qu'il fallait, j'aurai aimé en savoir plus. En ce qui concerne Christopher, je l'apprécie également malgré ce que l'on découvre. J'ai eu quelques passages de profond mépris tout de même hein, mais c'est un gars avec les pieds sur terre, qui ne blâme pas sa femme, qui veut la protéger et l'aider, qui n'a nullement besoin d'enfant pour être heureux,

 

Une fois qu'ils reçoivent le coup de fil du notaire de Lamarre, Nouvelle Orléans, ils partent pour la Louisiane, persuadés tous les deux qu'ils n'y resteront pas. Ils entrent alors dans une communauté au fin fond des marais, peuplée de gens particulièrement accueillants. Christopher se sent vite piégé, sans réseau internet, ce qui le prive de son travail, et en compagnie d'une partie de son passé qu'il aurait préféré laisser loin derrière lui. Emily, de son côté, s'adapte à cette vie et reprend la peinture. Elle se voit davantage rester mais peu à peu elle prend conscience que quelque chose ne tourne pas rond, en particulier lorsque ses rêves se font un peu trop réalistes. Elle préfère ne pas y faire trop attention et lorsqu'on lui propose de faire appel à une déesse vaudou pour tomber enceinte, elle se laisse tenter, en désespoir de cause, sans trop savoir si elle y croit ou non. J'ai beaucoup aimé l'aspect fantastique de ce livre qui repose sur une croyance et des rituels tout à fait réels. C'est si bien imbriqué dans notre réalité qu'on se laisse prendre dans les filets de ces croyances : la petite ville de Lamarre devient un royaume où tout est possible. Bien sûr, Christopher ne voit pas du tout cet aspect là de la ville. J'ai aimé cette dualité dans leur vision de leur séjour, très marquée par les non-dits et les secrets qui planent entre eux. On sent bien que le lien qui les lie est profond, mais que rien ne peut résister aux mensonges. Christopher est dans le réel, dans le rationnel, alors que sa femme plonge complètement dans le fantastique.

 

Un gros point fort de ce roman provient des trois fils que l'on suit dans cette histoire : la vie du créateur de la ville en 1822, les rêves d'Emily qui retracent un passé beaucoup plus ancien, et enfin le quotidien du couple. Si les trois fils partent d'un point différent, le lecteur les voit très clairement se rapprocher et tisser une seule et même malédiction qui nous amène jusqu'aux révélations de ce roman. J'ai adoré voir l'histoire se mettre en place de cette façon, même si au début, je n'appréciais pas trop les passages du XIXème siècle, qui m'empêchait de retrouver rapidement Emily. En effet, j'avais beaucoup de mal à la laisser en fin de chapitre. Le roman est très bien structuré : les chapitres sont courts, rassemblés en sous parties très courtes elles aussi, ce qui insuffle un rythme rapide et pousse le lecteur à tourner les pages encore plus vite. Le mystère qui plane sur cette communauté nous pèse, on veut savoir de quoi il retourne.

 

Pour finir, comme dans les Enfants de Peakwood, on se trouve dans une situation oppressante, on ne sait à quel personnage se fier et l'on découvre toute l'horreur du passé. Espoir, frisson et attente, pour un dénouement tout en tension, voilà ce que j'ai trouvé. Il me reste cependant une petite question à poser à l'auteur la prochaine fois que je croiserai sa route.

 

Méli